"Un petit massage?

La qualité de vie au travail est-elle vraiment vectrice de productivité ?
Alors qu'hier nous parlions de « Service du Personnel », de relations employeurs/employés qui se limitaient à l'embauche, la paye et la rupture du contrat, aujourd'hui la relation est toute autre. Mais que s'est-il donc passé ?
Sans vouloir entrer dans un cours de sociologie qui vous ferait décrocher au bout de la dixième ligne, l'origine de ces bouleversements date de l'entre deux guerres. Oui, quand même !!! En pleine révolution industrielle avec la démocratisation du travail à la chaîne, un certain Elton Mayo crée l'école des relations humaines, fort du constat que le personnel est une richesse et que l'aspect relationnel doit davantage être pris en compte au sein de l'entreprise. Ses expérimentations concluent au fait que l'intérêt porté au personnel (salaire, conditions de travail, évolution de carrière, ...) suscite une envie de se surpasser. La reconnaissance vectrice de productivité ? Cela fait plus de 80 ans que l'on nous en parle !!
Entre chouchoutage intensif et autoritarisme, quelle est la juste dose ?
Il ne s'agit pas d'installer un spa dans la salle de repos de votre entreprise, avec masseuses thaïlandaises, et manucures. Il ne faut pas pousser non plus ! Mais, ne sortez pas non plus la boîte à gifles à chaque fois qu'un salarié fait un truc de travers.
La qualité de vie au travail plus largement connue sous l'acronyme QVT fait partie intégrante de la Gestion des Ressources Humaines ce qui la différencie de « l'administration » du personnel ou il suffit d'appliquer les règles et les procédures. C'est un domaine où il faut analyser, décider et contrôler.
- Analyser sur plusieurs niveaux : observer les comportements, les façons de travailler et d'interagir, mieux connaitre les activités et les besoins en personnel afin de se mettre en phase avec les objectifs de l'entreprise, recenser les politiques de personnel (critères d'emploi, rémunérations, gestion des carrières, systèmes de sanction)
- Décider : mise en place d'une organisation, transformation des conditions de travail, constitution d'équipes... le spectre est large et dépend des besoins dans le temps.
- Contrôler c'est mesurer et suivre les résultats des choix : est-ce que les règles, procédures et politiques sont respectées ? Quels sont les effets des décisions sur les personnes ?...
In fine, le diagnostic doit viser à déterminer la motivation, le bien-être, les conditions de travail des salariés ...dans une dimension au-delà du matériel. En effet, ne traiter que les aspects « périphériques » (décoration des bureaux, activités sportives, team building ...) donnera des résultats fugaces.
Cela doit s'accompagner d'une meilleure organisation du travail, d'un dialogue social de qualité, de groupes de travail et d'échanges collectifs pour gagner en compétitivité. Il est aussi indispensable que la démarche soit partagée par tous les acteurs de l'entreprise.
Les atouts d'une politique QVT performante
- L'engagement : l'autonomie et la bienveillance engendrent la satisfaction et l'investissement du salarié. Sur 59% de salariés qui se sentent reconnus, 89% cherchent à s'améliorer.
- Baisse de l'absentéisme : 34,1 % des salariés sont absents au moins une fois par an. La durée s'élève en moyenne à 35,5 jours par salarié concerné, pour une durée moyenne de 18,9 jours, le coût de l'absentéisme représente 5.8% de la masse salariale et 45 milliards d'euros pour l'ensemble des entreprises du secteur privé. L'absentéisme représenterait ainsi la perte de l'équivalent de 43 emplois à temps plein pour une entreprise de 1 000 salariés. A contrario, plus le salarié est engagé, moins il est absent. Il est régulièrement constaté une baisse de 25% d'absentéisme suite à une politique QVT.
- Augmentation de la satisfaction clients : le développement des réseaux sociaux ne s'y trompe pas, il est facile de mesurer l'impact à travers les différents sites baromètres, d'un salarié « mal dans son job ». Un client mal servi c'est un client perdu.
- Amélioration de la réputation employeur (voir Edito n°3)
La mise en place d'une politique QVT s'effectue sur une durée de 3 à 6 mois, avec une évaluation barométrique 1 fois par trimestre, mais le jeu en vaut la chandelle. Pensez-y.
S. BOURDIER